À la lisière de la forêt de Fontainebleau, un lieu oublié ré-ouvre ses portes juste avant l'été : La Folie Barbizon. Ce repaire bohème, autrefois créé par Lionel Bensemoun, renaît en hôtel de 21 chambres, imaginé comme une œuvre totale pilotée par Chapitre Six et par l’architecte Marion Collard. La Folie se révèle à travers un subtil dialogue entre nature, création et engagement. Sous l'impulsion de Sarah Valente, et organisé par Greenline Foundation, un conte contemporain se déploie à travers ce lieu.

Dès l’entrée, le ton est donné. Derrière la grille discrète bordée de lierre, on aperçoit la silhouette singulière de La Folie Barbizon, bâtisse de pierre et de bois enveloppée par la végétation. Restaurée avec délicatesse, elle conserve le charme d’une maison simple, tout en affirmant une identité contemporaine et artistique. L’architecture s’efface au profit de l’atmosphère. On ne rentre pas simplement dans un hôtel : on franchit un seuil. Celui d’un lieu pensé comme un refuge d’art et de nature, entre mémoire locale et utopie sensorielle.

À l’intérieur, Marion Collard a orchestré un espace où l’art surgit à chaque regard : sol en tomettes recyclées, vitraux faits d’épluchures d’aubergines par l'artiste Loumi Le Floc’h, meubles chinés, plafonds peints comme des fresques célestes par Mathias Kiss.

Chaque chambre se dévoile comme un chapitre du « Conte de Barbizon » : on y croise des esprits , des figures mythiques, des installations sensibles comme la Suite aux Étoiles par Andrey Zouari, la lumière UV de Paul Créange, la table d’Ugo Schildge… Des artistes tels que Marine Breynaert, Papier Boulettes, Victor de Rossi investissent l’espace en résidence permanente.

Plus qu’un hôtel, La Folie Barbizon se présente comme un manifeste écologique : Greenline Foundation impulse la Guilde des Arts & Forêts, programme de résidences, tables rondes, sensibilisation à la préservation forestière

L’art ici ne se contente pas d’habiller les lieux – il interpelle, questionne, réinvente notre lien au vivant.

Impossible de parler de "chambre" à La Folie Barbizon comme on parlerait d’un simple hébergement. Ici, chaque pièce est un monde à part, conçu par un artiste en résidence, pensé comme un espace d’immersion totale. Dès l’entrée, on perçoit que l’on ne séjourne pas dans un hôtel classique, mais dans une sorte de micro-musée habitable. Dans l’une des suites, des constellations phosphorescentes s’animent au plafond tandis que les murs texturés réagissent à la lumière du jour. Dans une autre, les carreaux de la salle de bain sont émaillés par les artistes eux-mêmes. Partout, des matériaux bruts, des objets d’art détournés, des touches végétales. On dort ici comme on entrerait dans un songe guidé par la nature – bercé par le bois, entouré d’œuvres silencieuses, réveillé par la lumière douce filtrant à travers un vitrail teinté d'épluchures d’aubergines. Une expérience à mi-chemin entre hôtel tout confort et résidence artistique.